Le BRGM a constitué une base de données des analyses de sols urbains français afin de faciliter et optimiser la gestion des sites et sols (potentiellement) pollués.

Lancé depuis 2010, ce projet vise principalement l’établissement de référentiels pour les teneurs habituelles des principales substances minérales et organiques dans les sols urbains. Il repose sur le recueil et la bancarisation, à l’échelle nationale, des analyses disponibles sur les sols urbains grâce à la base de données BDSolU (Base de Données des analyses de Sols Urbains). Cette démarche doit permettre la valorisation des données existantes, et nouvellement acquises ainsi que leur traitement selon des protocoles homogènes.

Les analyses sont recueillies dans le cadre des projets conduits par le BRGM ou par les acteurs de la dépollution des sols, y compris les collectivités locales.

Origine

Comme de nombreux pays, la France a mis en place une méthodologie de gestion des sites et sols (potentiellement) pollués basée sur la prévention et sur la gestion des risques suivant l’usage. Toutefois, dans le cadre de la prévention des pollutions ou d'une suspicion de pollution, cette méthodologie repose sur les concentrations habituellement rencontrées dans les sols. Ainsi, en cas de diagnostic de site, elle privilégie la comparaison de l’état du sol considéré à celui des sols « sains » voisins. Et la démarche de valorisation des terres excavées repose en partie sur la comparaison de leur qualité chimique à celle des éventuels sites receveurs.

En l'absence de toute contribution anthropique, le fond pédogéochimique naturel peut correspondre à ce référentiel. Mais bon nombre de substances ubiquistes ont été largement répandues sous forme diffuse dans l’environnement par les activités humaines. Il convient donc de tenir compte de la superposition de ces concentrations diffuses, dues aux activités anthropiques, aux concentrations  naturelles, et qui ensemble constituent :

le Fond Pédo-Géochimique Anthropisé (FPGA).

Vue de Dijon, France

Vue de Dijon (France)

© BRGM - François Michel

Les bases de données existantes

Les données mises à disposition par INRAE et par le BRGM ont jusqu’à présent été proposées pour servir de référence.

  • BRGM -  site InfoTerre 
    • IMN – Inventaire Minier National ;
  • INRAE
    • BD ETM – Base de Données des Éléments Traces Métalliques,
    • RMQS - Réseau de Mesure de la Qualité des Sols,
    • ASPITET - Apport d’une Stratification Pédologique pour l’Interprétation des Teneurs en Éléments Traces.

Toutefois, les échantillons destinés à ces bases de données, ne couvrent pas tout le territoire, et ont été prélevés et analysés selon des protocoles différents de ceux employés dans le domaine des sites et sols (potentiellement) pollués. Par exemple, la solubilisation des échantillons de sol en vue de leur analyse, a le plus souvent été réalisée au moyen d’acide fluorhydrique pour tendre vers une dissolution complète et ainsi atteindre les concentrations dites « totales ». Cependant, l’analyse des échantillons de sol dans le domaine des sites et sols (potentiellement) pollués se contente d’une attaque dite « pseudo-totale » à l’eau régale (mélange d’acides chlorhydrique et nitrique).

Les spécificités du milieu urbain

On retiendra surtout que les échantillons des bases de données usuelles sont prélevés en milieu rural. Or, les contributions anthropiques qui se superposent au fond pédo-géochimique naturel local sont, a priori, plus élevées dans les agglomérations urbaines qu’en milieu rural, car les sols y sont le réceptacle des retombées atmosphériques locales dues à l’artisanat, à l’industrie (y compris minière), aux chauffages urbain et individuel, au trafic routier, etc…

Dans ces conditions, l’usage d’un référentiel rural, pourrait biaiser les études sur la qualité des sols urbains et il convient donc de déterminer un Fond Pédo-Géochimique Anthropisé Urbain.

Réalisation

Trois conventions consécutives signées depuis 2010 entre l’ADEME et le BRGM visent l’établissement de fonds pédogéochimiques anthropisés dans les principales agglomérations françaises (le projet FGU).

Des premières données...

La constitution de ces fonds pédogéochimiques anthropisés urbains s’appuie, dans un premier temps, sur le recueil des analyses de sols réalisées dans les villes françaises par le BRGM pour le compte du ministère de l’écologie dans le cadre du projet « Diagnostic des sols dans les établissements accueillant des enfants et des adolescents ». Depuis 2008, au cours de ce projet aussi appelé « Établissements sensibles » ou ETS, plus de 2 400 établissements devraient faire l’objet à terme, dans plus de 400 villes de France, de visites, de prélèvements et d’analyses pour évaluer la qualité des milieux de vie des populations dites « sensibles ». Les diagnostics ETS font appel à plusieurs prélèvements dits « témoins » réalisés en surface, sur des lieux voisins à priori en dehors de l'influence d'anciennes activités industrielles, pour comparer les résultats des analyses de sols obtenues au droit des établissements. Le projet FGU exploite les analyses de ces prélèvements.

...au développement de BDSolU...

Toutefois, le nombre de prélèvements disponibles dans chaque agglomération sera le plus souvent trop faible pour une exploitation statistique fiable. Les informations recueillies doivent donc être complétées et l’ensemble bancarisé de façon appropriée. La 2e convention ADEME-BRGM (2014-2018) avait donc pour objectif de :

  • poursuivre la bancarisation d’analyses de sols urbains obtenues dans le cadre du projet ETS ;
  • refondre le système de collecte et la base pour permettre l'alimentation de la base par des données obtenues dans le cadre de projets divers et selon des protocoles de prélèvement et d’analyse différents : BDSolU ;
  • élargir la collecte aux analyses de sols profonds ;
  • déterminer les fonds pédo-géochimiques pour l’ensemble des paramètres analysés dans les principales agglomérations françaises.

...et à la restitution des résultats

La 3e convention ADEME-BRGM (2018-2021) est conduite en partenariat avec l'INRAE, eOde et avec le soutien de Mines ParisTech. Elle a pour objectifs :

  • la bancarisation de données obtenues au cours de plusieurs projets dans lesquels le BRGM s'est engagé ou détenues par des collectivités ;
  • la mise au point précise de la méthodologie de détermination des valeurs de fonds dont les grandes lignes ont été tracées par le Groupe de travail "Valeurs de fond" conduit par l'ADEME ;
  • la restitution des données au moyen d'un outil en ligne interactif.

Perspectives

En bancarisant un grand nombre de données et de métadonnées associées, BDSolU a pour objectif d’améliorer la connaissance de la qualité géochimique des sols urbains sur l’ensemble du territoire national.

Les connaissances bancarisées permettront de construire des fonds pédogéochimiques anthropisés urbains dans les principales agglomérations de France. Mais les acteurs urbains du domaine des sites et sols (potentiellement) pollués peuvent aussi être confrontés à d'autres situations nécessitant ces données de référence :

  • Étude d’impact ;
  • État initial pour les sites des ICPE ;
  • Diagnostic de sols ;
  • Détermination de seuils de dépollution ;
  • Gestion des terres excavées ;
  • Situations post accident ;
  • Gestion sanitaires des lieux de vie.

L'ADEME et le BRGM invitent les détenteurs de données à participer au projet en les déposant dans BDSolU.